Carrière
A ma sortie de l'Ecole Normale en 1976 et après deux ans de remplacement, j'ai exercé pendant sept ans dans une classe rurale regroupant les trois cours du cycle 3. En 1981 j'ai acheté mon premier micro-ordinateur (un TRS80 d'occasion) et j'ai tout de suite compris l'intérêt d'amener cet outil dans ma classe afin de me décharger dans un premier temps de tâches fastidieuses tout en donnant davantage d'autonomie à mes élèves. Les programmes utilisables étaient pratiquement inexistants à l'époque et je me suis donc mis à la programmation - comme beaucoup de collègues.
Après un stage académique "lourd" en 1985, j'ai exercé pendant un an à mi-temps en CP et comme animateur TICE départemental (connaissance de l'ordinateur, programmation en Basic et intégration des logiciels "éducatifs" sur TO7 et MO5 dans la pratique de classe).
Les besoins de formation étant importants, l'Ecole Normale m'a recruté à mi-temps puis à temps complet pour enseigner l'informatique pédagogique (activité foisonnante qui allait du traitement de texte à la création de serveurs Minitel, en passant par l'apprentissage du langage Logo, la robotique sur TO7).
Les Ecoles Normales ont été remplacées par les IUFM en 1991 et j'ai dû m'adapter à ce nouveau type de formation (les premiers PC graphiques, les outils pour créer grâce au multimédia, la recherche documentaire avec l'arrivée de l'Internet, la création de sites, de blogs). L'annonce de la disparition de ce dispositif au profit de la mastérisation m'a encouragé à anticiper ma radiation des cadres en septembre 2009 et je suis donc en retraite depuis le mois de janvier 2010.
Shareware
Les premiers programmes que j'avais réalisés pour ma classe ont intéressé les collègues et j'ai commencé à les distribuer sur disquette. J'ai alors été tenté par le principe de diffusion en shareware. Ce mode de distribution direct est basé sur le bouche à oreille pour la publicité et sur la copie par les utilisateurs pour la diffusion. Ne faisant malheureusement pas partie des moeurs françaises, pratiquement tout le monde faisait les copies mais personne ne payait jamais les licences d'utilisation !
La demande éditoriale professionnelle devenant importante dans les années 90, j'ai tenté d'entrer dans ce monde en développant un jeu éducatif avec Didier Cackel qui est un collègue mais également graphiste talentueux et en le proposant à un éditeur privé. Les déboires accumulés au cours de cette expérience qui nous a fait perdre un an de travail (sur le temps de loisir bien entendu) sans rien rapporter, m'ont donné à réfléchir et je suis revenu au principe du shareware.
Quelques principes (logiciels) auxquels je tiens
Voici brièvement ce que le temps, l'observation et la pratique m'ont enseignés, principes qui ont fondé certaines de mes réalisations informatiques :
Le mutimédia tend à privilégier la forme sur le fond. Il faut prendre garde à cela et exercer l'oeil critique de nos élèves. Zapper sur de belles images ou de beaux écrans fait passer agréablement le temps mais ne participe pas forcément à la construction de connaissances. C'est pour cela que mon site Internet conserve cet aspect spartiate : ce n'est pas parce que je ne sais pas créer des GIF animés, c'est parce que je n'en ai pas l'usage (et que je n'ai pas que ça à faire) ; celui qui a réellement besoin d'informations prendra le temps de lire les écrans pour accéder aux renseignements et logiciels recherchés, il n'en perdra pas en voyant son attention distraite à longueur d'écrans.
- Les logiciels "éducatifs" du commerce sont pour la plupart conçus pour un usage familial. L'habillage ludique qui les accompagne est un frein à une utilisation en classe (sauf pour la maternelle ou cet univers est un terrain de découverte et d'expérimentation comme un autre pour les enfants). A partir du cycle II, l'introduction de ce type de logiciel pose un problème important de relation de l'élève à l'ordinateur qui se trouve assimilé à une console de jeu (d'accord pour cliquer sur le petit personnage qui remue les oreilles, faire les exercices c'est moins amusant ! )
En classe, une activité proposée sur ordinateur doit toujours être motivée et jamais gratuite ("Ils apprendront toujours bien quelque chose, n'est-ce pas ?"). Un exercice à l'écran vient en complément d'une leçon faite en classe. Autonomie ne veut pas dire anarchie, un plan de travail est établi, les consignes sont claires, les bilans ou les travaux réalisés sont analysés et commentés par le maître. Bien sûr tout cela nécessite des préparations et du suivi de la part de l'enseignant... Je me suis donc toujours efforcé de fournir des Editeurs avec mes logiciels afin que les collègues s'approprient les contenus en ayant la possibilité de les créer eux-mêmes.
- Les outils doivent être simples, faciliter la vie au lieu de la compliquer. Le métier d'enseignant prend énormément de temps et je comprends que les collègues ne souhaitent pas y consacrer une part encore plus importante de leurs loisirs en s'investissant dans l'informatique comme un passionné peut le faire parfois.
- Les outils les plus performants ne donnent pas forcément les productions les plus intéressantes. La prose de Châteaubriand qui devait écrire à la plume d'oie ou guère mieux (?) sera toujours meilleure que la mienne quand bien même j'écrirais avec un stylo Mont-Blanc à 300€ ou un traitement de texte.